Capitaine Alfred DREYFUS

Discours du président de l’association

Crosne et son patrimoine,

 le 16 septembre 2006

 

 

Mesdames, Messieurs,

 

Au nom de l’association Crosne et son patrimoine je veux remercier tous les descendants d’Alfred Dreyfus et Emile Zola, ici présents et ceux qui, absents, nous ont écrit pour nous remercier pour le devoir de mémoire accompli.

 

Pour reprendre Antoine de Saint-Exupéry, le renard a dit au Petit Prince « il faut des rites » et il avait raison. En ce jour, nous sacrifions au rite de l’anniversaire et de l’inauguration. Nous avons voulu qu’il soit à la fois chaleureux en inaugurant cette exposition qui marque le centenaire la réhabilitation du Capitane Alfred Dreyfus et aussi cérémonieux en dévoilant la plaque de rue à son nom.

 

C’est notre honneur d’avoir retrouvé des descendants Dreyfus, Madame Perl, aujourd’hui décédée et Monsieur Charles Dreyfus, ici présent, petits enfants du Capitaine. A notre invitation, le jeudi 3 juillet 2003, ils ont effectué un voyage sur les lieux  chargés de  tant de souvenirs, un « véritable pèlerinage » pour reprendre les propos de Madame Perl.

 

 

Avec eux, nous avons partagé un repas dans le même restaurant qui, le 31 janvier 1937, accueillait un gigantesque banquet célébrant l’inauguration des rues Capitaine Alfred Dreyfus et Emile Zola et qui avait rassemblé tous les  Dreyfus et les Zola, des grands hommes politiques et des hauts fonctionnaires de la région.

 

Je précise que Crosne fut la première ville de France à oser se donner le nom de « Capitaine Dreyfus ».

 

Au cours du repas du 3 juillet 2003, à notre demande et à celle des descendants Dreyfus, Monsieur Alain Girard, notre Maire, s’est engagé à ce qu’une rue de notre commune retrouve le nom du Capitaine Dreyfus, nom qui avait disparu le 21 mars 1940, suite aux lois de Vichy. C’est chose faite aujourd’hui, pour l’année du bicentenaire de la réhabilitation du capitaine Dreyfus, qu’il en soit remercié.

 

Je sais que sur le plan militaire, c’est le dernier grade d’un soldat qui doit figurer sur la plaque de rue portant son nom, mais ce n’est pas le lieutenant-colonel Dreyfus, héros de la guerre de 1914-1918, que nous honorons, c’est celui qui a été injustement condamné pour haute trahison, humilié, déshonoré et sa famille meurtrie, parce qu’il était le premier juif de l’état-major français. Et sans Emile Zola, qui lui aussi a mis en jeu son honneur contre l’injustice, aurait-il été réhabilité ?

 

Je voudrais, avant de clore ce discours, évoquer Pierre Dreyfus, le fils d’Alfred, lui aussi héros de la Grande Guerre, je le rappelle. En 1935, il  a racheté l’entreprise Baille-Lemaire, pour en faire la câblerie de la Seine, malheureusement détruite et remplacée par le Hameau de Castille. Lui aussi a dû s’exiler pour ne pas subir les lois de Vichy. La rue du Capitaine Dreyfus longeait son entreprise et il a participé à l’inauguration des rues Dreyfus et Zola.

 

Je remercie aussi Monsieur Jean-Louis Levy, ici présent, et seul témoin aujourd’hui de l’inauguration de 1937.  

 

Je ne voudrais pas terminer ce petit discours sans évoquer à nouveau Madame Perl qui aurait tellement souhaité être des nôtres aujourd’hui et sans évoquer aussi le souvenir de notre amie Madame Paula Hurt, elle aussi disparue, qui était membre de notre conseil d’administration et qui a probablement été l’élément moteur de cette manifestation.

 

Dans quelques instants, nous nous rendrons au Hameau de Castille, pour dévoiler la plaque de rue au nom du « Capitaine Alfred Dreyfus », rue principale d’accès au Hameau, comme vous le constaterez.

 

Je vous remercie de votre attention.

                                                             Lucien PELLETIER

Petite histoire pour servir à la grande histoire

 

Le dimanche 31 janvier 1937, au cours d’une brillante cérémonie, en présence des familles DREYFUS et ZOLA et de personnalités nationales, départementales et locales, deux rues de Crosne reçoivent les noms de

 « Capitaine Alfred DREYFUS » et « Emile ZOLA », suite à une décision du conseil municipal en date du 21 novembre 1936.

 

Et Crosne fut la première ville de France à oser se donner le nom de « Capitaine Dreyfus ».

 

 

En 1940, les « Lois de Vichy »  obligent Pierre DREYFUS qui a racheté l’usine Baille-Lemaire à cesser ses activités et la rue du Capitaine Alfred DREYFUS est débaptisée (15 juin 1941).

 

 

Mais l’histoire ne s’arrête pas là !

 

Elle  a commencé à Aix en Provence au début des années 1850, au collège Bourbon. Trois adolescents s’y rencontrent : Emile ZOLA (futur journaliste et écrivain), CEZANNE (futur peintre impressionniste) et Jean-Baptiste BAILLLE (futur chef des Etablissements BAILLE-LEMAIRE sis à Crosne et qui deviendront plus tard « La câblerie de la Seine » dirigée par Pierre DREYFUS, le fils du Capitaine DREYFUS défendu, plus tard, par ZOLA).

 

La roue du destin, car il s’agit bien du destin, a fait se rencontrer les ZOLA, BAILLE et DREYFUS.

 

Et l’association Crosne et son patrimoine !

 

 

« A Crosne, au printemps 2003, deux représentantes de l’association  Crosne et son patrimoine» vinrent nous rencontrer, ma cousine Simone Perl, hélas décédée depuis, et moi pour nous annoncer la démarche qu’avait entreprise l’association pour que le nom du Capitaine Dreyfus soit donné à une voie qui traverserait le nouvel ensemble immobilier dont la construction était prévue sur le site de l’usine démolie. Nous fûmes conviés à un repas fort sympathique et cordial en présence des membres de l’association et de son président dans le même restaurant où avait eu lieu le banquet de 1937. A l’issue du repas, le maire de Crosne nous confirma que le souhait exprimé par l’association avait été approuvé par le conseil municipal. Il y a aujourd’hui de nouveau à Crosne une voie qui porte le nom du Capitaine Dreyfus. »

 

 

Extrait du discours prononcé par Charles Dreyfus au cours du colloque des 23-24 et 25 mars 2006 à Rennes.

 

 

L' Affaire DREYFUS en images

L' Affaire DREYFUS en texte

Texte de l' Affaire DREYFUS.doc
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Le lieutenant-colonel DREYFUS pendant la Grande Guerre de 1914-1918

 

 

Sculpture érigée en 1985, angle Montparnasse et Raspail

à Paris, avec cette inscription :

 

"SI TU VEUX QUE JE VIVE, FAIS MOI RENDRE MON HONNEUR"

 

 

 

Tombe du "Capitaine Alfred Dreyfus",

décédé le 12 juillet 1935,

au cimetière du Montparnasse à Paris.