SIEYES, le penseur de la Révolution

Je suis l'abbé Emmanuel Joseph Siéyes.

 

 

 

Une rue de Crosne porte mon nom car j'ai été, à un moment de ma vie, impliqué dans l'histoire de votre ville.

 

Je suis né à Fréjus le 3 mai 1748, j'y ai poursuivi mes études jusqu'à 16 ans.

J'aurais voulu faire une carrière militaire, mais mes parents ont estimé que ma santé physique était insuffisante et ils ont décidé que je devais être prêtre. Bien que sans vocation, j'ai été ordonné le 28 juillet 1772, à l'âge de 24 ans. Des études poussées m'ont permis de lire Voltaire, Helvétius, Loche, Condillac, Rousseau et tant d'autres auteurs qui n'étaient pas bien vus au séminaire. J'ai adhéré à l'esprit nouveau, dit des lumières, qui remettait en cause toutes les idées anciennes au profit de l'esprit de tolérance, d'amour de la liberté, de l'égalité et de la justice.

 

J'ai voulu contribuer à la destruction des privilèges sur lesquels était fondée la société monarchique. Aussi, quand le Roi LOUIS XVI convoqua les Etats Généraux en 1789, j'avais déjà publié plusieurs ouvrages dont Essai sur les privilèges et Qu'est-ce que le Tiers Etats ? Cette dernière brochure a eu un grand succès et m'a rendu célèbre.

 

Elu député de Paris pour le Tiers Etat, je vais m'imposer par mes motions et avec le concours du comte de Mirabeau. La première fut la désignation de la Chambre du Tiers Etat comme Assemblée nationale le 17 juin 1789. La Révolution est en marche, la monarchie absolue est enterrée.

J'interviens souvent, notamment pour la Déclaration des Droits de l'Homme (26 août 1789), ainsi : « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (art. 4) », « la loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société (art.5) », pour l'établissement des départements français (15 janvier 1790) ...

 

J'ai voté la mort du Roi le 16 janvier 1793, non par haine mais parce qu'il symbolisait l'ordre ancien.

 

Pendant la terreur, je n'ai eu aucun rôle public « J'ai vécu ».

 

Sous le Directoire, j'ai fait partie du Conseil des Cinq Cents et j'ai joué un rôle de premier plan lors du coup d'Etat du 18 Brumaire (9 novembre 1799) qui porta le général Bonaparte au pouvoir. Nombre de mes idées furent retenues dans la nouvelle constitution qui entra en vigueur le 25 décembre 1799 : le système électoral, les Assemblées - corps législatif et Tribunat -, le Sénat conservateur, les Consuls, le Conseil d'Etat ...

 

Mais bien que sénateur à vie, je n'ai plus joué qu'un rôle effacé.

 

Je fus très tôt écarté et pour reconnaissance de mes mérites on m'offrit en récompense nationale le château de Crosne. Hélas, la propriété du château étant contestée je ne pus en disposer.

Je fus comblé d'honneur : Grand-Officier de la Légion d'Honneur (15 juillet 1804), Compte d'Empire (mai 1809), Grand'Croix de l'Ordre impérial de la Réunion (1813), Pair de France (2 juin 1815).

 

Au cours de la seconde Restauration, j'ai été exilé, comme régicide. Revenu en France après la révolution de 1830 qui porta au pouvoir Louis-Philippe 1er, j'y suis mort le 20 juin 1836, à l'âge de 88 ans, terminant ainsi une « destinée anormale, singulière, remplie de contradictions ». Je suis enterré au cimetière du Père-Lachaise ; ma tombe ne porte ni épitaphe, ni titre, comme je l'ai voulu, seulement mon nom.